Surplombant la mer sur les hauteurs de Grand-Bourg, cette habitation sucrière du début du 19ème siècle, abrite aujourd’hui l’Ecomusée des Arts et Traditions populaires de Marie-Galante. Le Conseil général, propriétaire du site, a entrepris d’importants travaux de restauration des bâtiments et des aménagements de son parc afin de réhabiliter ce lieu de mémoire qui vous fera traverser un passé à deux facettes : celui, passionnant, de trois siècles de l’histoire sucrière de la Guadeloupe à l’époque coloniale, et celui, plus dérangeant, d'une période esclavagiste.
Fondée au milieu du 17ème siècle par un notaire d’origine champenoise, cette habitation est l’une des toutes premières sucreries. En 1807, Dominique Murat, originaire d’Aquitaine, acquiert la propriété, la modernise et la dote de nouveaux bâtiments. L’habitation ne cesse de prospérer, passant de 114 à 307 esclaves, et devient en 1839, la plus puissante plantation de Guadeloupe. L’abolition de l’esclavage en 1848, la concurrence d’usines sucrières plus performantes, et bientôt l’effondrement du cours du sucre, lui seront fatal.
De cette époque faste, on retrouve aujourd’hui la majestueuse Maison des maitres, typique du vignoble bordelais. De style néo-classique, elle témoigne de la connaissance architecturale de ces «esclaves à talents», ouvriers qualifiés aidés d’artisans européens. La qualité de la maçonnerie en pierre de taille du moulin à vent et son écusson sculpté dans la pierre attestent eux aussi d’un évident savoir-faire.
Une imposante plateforme circulaire entourée d'un mur d'enceinte, laisse deviner l’emplacement du moulin à bêtes. Fonctionnant en même temps que le moulin à vent, ce dernier permettait d’augmenter les capacités d’extraction du jus de canne. Dans les ruines de la sucrerie proprement dite, on apprend que cette dernière contenait 9 chaudières, ce qui démontre la puissance du domaine. Derrière l'habitation, l'enclos à animaux a été transformé en jardin médicinal, unique dans la région, s'inspirant des savoirs naturalistes de l'île.
Enfin, près de la mare entourée d’arbres centenaires, trois cases en gaulettes, répliques des réduits misérables où l’on entassait les « captifs », en disent long sur les conditions de vie précaires des esclaves qui travaillaient dans les plantations.